Groupe de Maintenance de Poissons de Forme Sauvage (GMPFS)

Quel est l'aquariophile qui n'a jamais fait l'étrange constat que la biodiversité est bien plus grande dans les pages du Mergus que dans les bacs des commerces romands dédiés à notre passion ? En effet, si l'on retrouve systématiquement dans les batteries de vente l'éternel guppy sous toutes ses formes, des scalaires voiles, marbrés et autres ramirezi jaunes, il est bien plus exceptionnel de rencontrer une espèce sur laquelle on ne puisse pas immédiatement mettre un nom. Pourtant, le règne piscicole est vaste, très vaste ! Quand on discute avec les responsables des magasins aquariophiles, l'explication est toujours la même : il leur est difficile de vendre des poissons qui n'appartiennent pas aux « classiques ». N'oublions pas que s'il y a beaucoup d'aquariums en Suisse, il y a peu d'aquariophiles... La majorité des gens qui possèdent un aquarium (souvent pour peu de temps) cherchent simplement à amener un peu de couleurs à leur intérieur. Les critères de sélection des pensionnaires de ces « tableaux vivants » sont donc bien plus dictés par le tape-à-l'oeil que par la finesse des patrons de coloration, l'étrangeté des comportements ou encore, l'intérêt de l'acheteur pour un biotope précis. Or, ce sont les non-aquariophiles qui font vivre le commerce aquariophile !
Pourtant, dans les bacs de certains d'entre-nous nagent des espèces peu communes, acquises sur un coup de chance, ramenées d'une bourse à l'étranger ou, parfois, prélevées directement dans leur pays d'origine par l'aquariophile. Mais les quelques individus de ces espèces insolites ne font pas toujours souche en aquarium. En effet, quand bien même l'aquariophile parvient à les reproduire, il lui est difficile de maintenir les lignées sur le long terme : par manque de temps, de place, ou suite à des déboires dont personne n'est à l'abri, il arrive que tous les individus de l'espèce disparaissent. C'est fort de ce constat que Patrick de Rham et Pierre-Alain Leresche ont proposé à l'ARCAT (association Romande des Clubs Aquariophiles et Terrariophiles) de mettre sur pied un Groupe dont le but serait de faciliter la circulation entre aquariophiles de poissons de forme sauvage. En effet, plus une espèce est largement diffusée, moins les risques de la perdre sont grands. Pour que le principe soit efficace, encore faut-il qu'une liste des personnes maintenant l'espèce en question soit établie et tenue à jour par ce Groupe : il est ainsi possible de diriger un aquariophile intéressé par cette espèce vers ceux qui sont à même de lui en procurer des individus ou, pour un aquariophile ayant perdu sa souche, d'en reconstituer une nouvelle. Bien entendu, il est absolument indispensable que les aquariophiles se procurant des espèces par le biais du Groupe ne les dénaturent pas (croisement, sélection, etc.) ! Cela reviendrait à perdre la souche... Modifier le phénotype d'une espèce, que ce soit volontairement ou par négligence, est d'autant plus grave si cette espèce est menacée dans son milieu naturel; si elle venait à disparaître de ses eaux d'origine, les bacs d'aquariophiles responsables et consciencieux constitueraient son dernier sanctuaire.
Ce Groupe demandé à l'ARCAT par Patrick de Rham et Pierre-Alain Leresche existe désormais. Il se nomme Groupe de Maintenance de Poissons de Forme Sauvage (GMPFS). Le détail de son fonctionnement est exposé dans ses statuts. Si vous êtes un aquariophile membre d'un club affilié à l'ARCAT et que vous souhaitez sortir un peu des sentiers battus de votre passion tout en joignant l'utile à l'agréable, n'hésitez pas à consulter les statuts de la Commission et à manifester votre intérêt. Vous trouverez certainement votre bonheur sur la liste des espèces de poissons de forme sauvage que le Groupe met à votre disposition. S'il nage dans votre aquarium une espèce susceptible d'intéresser le Groupe, proposez lui de la faire figurer sur sa liste : vous participerez ainsi à sa diffusion, voire à sa pérennité.

Prendre part à l'élevage et à la diffusion d'espèces rares ou menacées par le biais du Groupe est très peu contraignant et extrêmement enthousiasmant !

 

Pachypanchax sp Ramena:

Commentaire de Pierre-Alain Leresche: espèce facile à reproduire, si bien nourris les adultes ne mangent pas les alevins, mais pour plus de résultats, je récupère les petits tous les jours. Eau moyenne à dure. Température entre 22 et 28°C.
Commentaire de Patrick de Rham: Dans la nature, cette population vivait dans une eau douce et acide! Mais comme beaucoup de poissons malgaches, ils semblent être indifférents à la dureté ou au pH de l'eau. Par contre tous les Pachypanchax d'après mon expérience sont stimulés par de l'eau neuve qu'ils supportent très bien et qui provoque la ponte. La souche de cette population a été collectée dans un petit ruisseau sortant de la base d'une falaise (source)qui quelques mètres plus loin se jetait dans la rivière Ramena qui est un grand affluent de la rive droite du fleuve Sambirano, un des plus grands cours d'eau du Nord-Ouest de Madagascar se jetant dans la mer près de la ville d'Ambanja et un peu au sud de l'île de Nosy Be sur laquelle vit la population typique de P. omalonotus. Les poissons de la Ramena (il y en avait également sur les bords de la rivière) sont considérés comme appartenant à cette espèce (P. omalonotus), bien qu'ils diffèrent un peu de la population type, étant plus colorés et atteignant une plus grande taille.

Pachypanchax playfairii, photo © Winfried Stenglein

Pachypanchax playfairii:

Commentaire de Pierre-Alain Leresche: espèce facile à reproduire, mais les parents mangent tous les œufs et alevins. Pour les reproduire, je sépare une femelle pendant 1 semaine, et ensuite je place le couple bien nourri dans un aquarium avec beaucoup de plantes. Il faut retirer le couple dès la ponte terminée, soit entre ½ à 1 jour. Eau moyenne à dure. Température entre 22 et 28°C.
Commentaire de Patrick de Rham: Cette souche provient de la petite rivière Salazie (plutôt un ruisseau) qui se trouve sur la côte nord de l'île de Praslin (la seconde plus grande île des Seychelles). L'eau de la Salazie était aussi plutôt douce et acide, les Seychelles comme le bassin de la Ramena ayant une base géologique de granit. Cependant P. playfairii doit être assez indifférent à la qualité de l'eau car on en trouve aussi en eau saumâtre. Il est possible que la population du nord de Praslin corresponde à une espèce distincte de P. playfairii qui serait originaire du nord-est de la plus grande île, Mahé. La coloration de base jaune avec des points rouges de la population du NE de Mahé est bien différente. C'était celle qu'on trouvait dans le commerce de temps à autre. Paul Loiselle aimerait aussi beaucoup recevoir des oeufs fertiles de ce poisson, les exemplaires vivants que je lui avait apportés en 2003 étant morts rapidement après leur arrivée aux USA. Je pense qu'il faudrait attendre qu'il fasse plus chaud pour essayer d'envoyer des oeufs. Je pense que ceux-ci pourraient être mis entre deux feuilles de papier buvard humide placées dans un sachet plastique, une enveloppe ordinaire et le tout envoyé comme une simple lettre. Paul Loiselle et son ami Glenn Courier aimeraient faire l'analyse ADN de ces poissons qui sont finalement encore mal connus scientifiquement.

Poecilia cf. salvatoris, photo © Anika Börries

Poecilia cf. salvatoris:

Commentaire de Patrick de Rham: Nous avons collecté la souche de ce beau molly près de San Lorenzo au Nicaragua. Cette espèce a d'abord été reproduite par Jacques Blanc de Manosque qui m'a donné des exemplaires qui se sont à leur tour très bien reproduits dehors l'été passé dans une bassine de 125 cm de diamètre placée à l'extérieure sur une terrasse ensoleillée que j'emploie pour mes élevages estivaux. Mon plus grand exemplaire mâle est assez beau, mais il ne peut rivaliser par sa taille et ses couleurs avec les grands mâles dominants sauvages, corps bleu et nageoires rose vif, qui étaient splendides. Il y a là un challenge pour l'éleveur de redonner à ces poissons en captivité la taille et les couleurs de leurs ancêtres sauvages. C'est un cas intéressant, en quelque sorte à l'opposé de la création de nouvelles formes de sélection décoratives, puisqu'il s'agit en quelque sorte de revenir à l'apparence des sujets sauvages.

Macrpodus ocellatus Photo © MP & C Piednoir / Aquapress.com

Macropodus ocellatus

Pseudosphronemus cupanus, photo © Johnny Jensen

Pseudosphromenus cupanus:

Commentaire de Pierre-Alain Leresche: nid de bulle dans cavité, alevins petits ne mangeant pas directement des artémias. Eau très douce à douce. Température 24 à 28°C.
Commentaire de Patrick de Rham: J'ai trouvé cette espèce dans quelques endroits du Sud de l'Inde tant sur le versant oriental (État du Tamil Nadu que sur l'occidental (État du Kerala). C'est une espèce qui parait être très commune dans la nature, mais je ne l'ai jamais vue en vente dans le commerce, d'où quand même l'intérêt d'essayer de maintenir cette souche. La souche de Pierre-Alain a été collectée à Kumarakom au bord du lac Verbanad dans de petits canaux artificiels qui drainaient le terrain marécageux sur lequel étaient établis les pavillons de notre hôtel "Aquascapes". Un vrai paradis pour un aquariophile qui n'avait qu'à sortir de son bungalow pour se mettre à la pêche! Dans les canaux (env. 1-1,50 m de profondeur, 2 m de large) il y avait un grand nombre d'espèces de petits poissons, parmi elles l'autre espèce du genre, Pseudosphromenus dayi également ramenée et élevée par Pierre-Alain qui je l'espère arrivera à sauver la souche, car cette espèce est plus jolie et moins commune que P. cupanus. Je ne n'ai trouvé P. dayii qu'à cet endroit lors de notre voyage de janvier-février 2000 en Inde du Sud. L'eau des canaux avait une conductivité assez élevée, environ 800 microsiemens. Probablement à cause de traces de sel marin, le lac Verbanad fait partie d'une lagune côtière d'eau saumâtre dont il a été séparé par la construction d'une digue qui au nord l'isole et empêche l'eau salée d'entrer.

Tanichthys micagemmae, photo © Michael Norén

Tanichthys micagemmae:

Commentaire de Philippe Chevoleau: J'avais placé quelques T. micagemmae dans un bac de 360 L, ce qui m'a permis de faire des observations intéressantes sur leur comportement qui n'a absolument rien à voir avec T. albonubes. Je le signalais déjà dans un article paru dans AQUA Plaisir, c'est-à-dire que les mâles dominants sont plutôt territoriaux ! Bon, heureusement, il n'y a que quelques poursuites, pas de blessures. Mais je peux confirmer que ce n'était pas un cas exceptionnel et pas dû au manque de place à l'époque.
Si l'on met quelques T. albonubes en bassin (en Provence en tout cas) on se retrouve habituellement vite envahi. Malheureusement, ce n'est pas le cas avec T. micagemmae. Je n'ai récupéré que deux alevins, ce qui n'est pas beaucoup ! Je pense que ça vient du fait que le sol, à part le sable, était nu. A priori, même si ce ne sont pas de gros mangeurs d'oeufs, ils doivent donc quand même en dévorer (je ne fait que supposer, car je ne les ai pas vu faire).
Par chance, j'avais gardé quelques spécimens dans un bac de 25 litres avec un sol tapissé de plantes plastiques (aspect plutôt "kitsch", mais idéal pour la reproduction de quelques Cyprinidés ou Characoïdes). Et là, j'ai bien une quinzaine d'alevins ou plus.

Astronotus ocellatus, photo © André Mantz

Astronotus ocellatus:

Commentaire de Patrick de Rham: Espèce commune en aquariophilie, mais "ma" souche est sauvage et provient d'un lac près d'Iquitos au Pérou. J'ai actuellement 3 adultes ramenés en 1998 et une dizaine de grands jeunes F1 qu'il serait important de reproduire à leur tour, car les exemplaires de l'espèce qu'on trouve dans le commerce sont tous des dégénérés, "modifiés". "Ma" souche doit encore exister en France

Paretroplus tsimoly, photo © Jeff Dubosc

Paretroplus tsimoly:

Commentaire de Patrick de Rham: Espèce rare et en danger de Madagascar, très proche du lamena, Paretroplus nourissati.

Tahuantinsuyoa macantzatza, photo © Philppe Burnel

Tahuantinsuyoa macantzatza:

Commentaire de Patrick de Rham: très intéressante espèce endémique du bassin du Rio Aguaytia au Pérou.